J’aime marcher sur les chemins, guidée par un itinéraire d’interrogations et de méditation sur le monde que je traverse. Une route de découverte, d’aventure et de grande liberté, où chemine le rêve d’un ailleurs et où il y a au bout du chemin, les étoiles.
Loin des villes et des périphéries il y a la nature à l’état sauvage, vierge et calme, serrée sur son mystère, pleine d’elle même, et cependant si difficile à interroger; car devant de tels paysages, devant tant de beauté…Que pourrais-je questionner.
En revanche aux abords des villes, près des routes et des chemins, il y a le terrain vague. Lieu indéfini et qui offre à travers son paysage la rencontre de deux mondes; le monde végétal inné de la nature rencontrant le monde construit des hommes.
Ce monde des hommes qui rêvent, idéalisent, planifient en géométrisant l’espace, découpé en portion de sol à vivre, bâtissant des lieux à habiter où les fondations deviennent invisibles tandis que les constructions s’immobilisent dans le paysage jusqu’à l’inertie.
La nature dans l’élan de ses arbres et de sa végétation, ici se déploie, se rassemble dans ses buissons pour faire front, orner le chemin, tapissant des parcelles où s’étant l’herbe, se frayant ainsi un devenir, sans se soucier de l’architecture du paysage, de sa géométrie, de l’ordre établi ni de ses hiérarchies. Elle pousse dans le désordre de sa vitalité.
Comme le choix de deux mots antagonistes dans l’écriture d’un poème, je cherche à réunir dans un même paysage, les lieux d’un monde en train d’advenir et ceux d’un monde immobile, tentant ainsi »d’écrire une poésie du paysage» qui ferait éco à notre condition humaine; ce soupir d’éternité que nous cherchons dans la beauté et l’immobilité face à notre finitude.
Cette serie à été réalisée en Espagne.
© Sylvia Jouve 2021 Tous droits réservés